dimanche 13 novembre 2011

Rabat - Les Canaries : une traversée éprouvante

Nous appareillons donc samedi après midi aux alentours de 16h pour une traversée de 400 milles.

La sortie de la Marina se passe bien mais reste impressionnante : il nous faut suivre le bateau pilote dans la trace pour ne pas être trop prêts des deux brises lames à l'entrée de l'oued. les vagues sont malgré tout bien grosses et loustics monte puis redescends sa série de quatre grosses avant d'être totalement sorti! enfin, nous voila dehors! Bien que les conditions soient meilleures que le reste de la semaine, une houle d'ouest persiste et se croise avec la houle de la côte : ça bouge, ça bouge, mais le vent est bon et nous filons nos 6 noeuds!

Quand la nuit tombe, c'est une autre musique. Nous avons eu beau nous écarter de la côte, nous ne sommes pas encore assez loin et notre horizon est barré d'un multitude de loupiottes vertes, rouges, blanches... nous allons connaitre les joies du slalom entre les filets! notre flotille de voiliers s'éparpille dans la nuit et chacun a sa tactique.
La nôtre a consisté à se mettre dans le sillage du voilier devant... s'il y a des filets, il les prendra avant nous... pas sympa mais efficace : au bout d'une demi heure, il nous fait de grands signaux pour qu'on s'écarte car il s'est pris dans un filet! Mais bientôt, la roue tourne et nous voilà nous aussi immobilisés, à faire de grand signes au voilier derrière nous qui se déroute à son tour... et oui, nous ne sommes pas les seuls à avoir adopté la solution du parasite!

les pêcheurs marocains sont furax, d'autant plus qu'en venant voir comment se présente l'affaire, il se prend lui aussi dans son filet... malheureusement, la seule solution est de couper. Nous repartons, désolés d'avoir abîmé l'outil de ces pauvres gens, qui sont obligés de sortir au milieu de la nuit dans des barques de deux mètres en plein ocean pour survivre, pendant que nous voyageons pour notre seul plaisir.

Cette première nuit est éprouvante : le stress des filets, doublé d'un début de mal de mer... Pour couronner le tout, Jérôme a mangé une pomme sans la peler... grosse erreur quand on achète les fruits au souk... il sera malade le reste du voyage!

Marine et Nicolas ne sont pas épargnés! Ma poulette est toute blanche et n'arrive rien à avaler... Nico est stoïque : malade, il vomit, puis retourne se voir un petit film!

Quant à moi, je me fais peine! moi qui me targuait de n'être que très rarement malade... une vraie paillasse! je me bouge car il faut malgré tout s'occuper de l'intendance, mais franchement, c'est rude!

Seul Jérémy semble épargné! il a l'air ravi d'avoir retrouvé son petit traintrain de marin : debout 8h, bibib, il joue puis fais sa sieste de 10 à 12h, puis casse croute. il rejoue, redort, goute vers les 16h30, joue encore, mange à 19h30 et au lit... ce gosse est vraiment merveilleux et son sourire me redonne courage, malgré ce mal de mer qui va crescendo!

Sur les quatre jours de traversée, nous avons marché à la voile trois jours durant, parfois appuyé au moteur. La technique des deux génois tangonnés s'avère très efficace et nous l'abandonnons seulement quand elle nous dévie vraiment trop de notre cap!

Enfin après quatre nuit, au petit matin, les Canaries se profilent à l'horizon. "Terre en vue, terre en vue!" les enfants sautent partout et sont ravis : la traversée touche à sa fin et ils vont retrouvés leur petits copains. En effet, tout le monde s'est donné rendez vous sur l’île de Graciosa, au nord de Lanzarotte, au mouillage de la baie des français.

Juste avant d'arriver, le traceur de carte ne capte plus le satellite et l'ordi de nav plante... la perspective de faire l'arrivée à l'ancienne me remet le mal de mer, alors que tout le monde se sent mieux! heureusement Jérôme met l'ordi en charge et tout rentre dans l'ordre!

L'Estrecho del Rio, entre les deux îles, s'ouvre devant nous. Nous avons mis le moteur, car le vent a monté, mais en plein dans notre nez! Les enfants ont assez attendus ( et moi aussi !) et plutôt que de tirer des bords, nous préférons tracer tout droit!

Une petite inquiétude me titille : ça souffle sud - sud ouest et la baie des français n'est pas protégée pour ce vent.  Nous contactons les amis qui nous rassurent : ils n'y a que 6 noeuds au mouillage. Le détroit fait venturie et ça souffle moins qu'il ne semble.

Enfin, à 13h30, nous jetons l'ancre... et je suis toujours malade!

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